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mercredi 2 décembre 2009

Coiffeurs contre le sida... ou pas


L'Oréal inaugurait hier en grandes pompes (et surtout à gros coups de pub) son opération : Les coiffeurs contre le Sida.

Première réaction presque viscérale : "C'est bien, l'Oréal s'engage, mais...". Car il y a bien , à mes yeux, un mais. Vue la marge d'expression dont jouit le groupe dans le joyeux petit monde de la communication, je ne peux pas m'empêcher de me demander ''Mais pourquoi les coiffeurs ?".

Je comprends bien l'idée du styliste capillaire vecteur de communication et donc potentiellement de pédagogie contre la maladie, mais le raisonnement me semble avoir deux grandes lacunes et pas des moindres.

1. Le postulat du coiffeur-vecteur n'est pas immuable. Perso, quand je vais chez le coiffeur, j'ai plutôt tendance à sombrer dans un grand mutisme car non seulement, j'ai toujours peur que Cindy (c'est son vrai petit nom) me râte pour m'offrir une coupe atroce que je devrais supporter pendant des mois (faisons ici fî du "c'est pas grave ca repousse..." Si c'est grave, parce que repousser, ça prend toujours des mois), mais aussi parce qu'à mesure que je vois la coupe prendre forme, je contaste irrémédiablement que mes pires cauchemars prennnent vie, d'où le silence encore plus dépressif.

2. Si l'on engage la conversation avec son coiffeur, je vois difficilement comment on peut nouer en une heure la complicité pour en arriver à parler de sa sexualité... Reprenons l'excellent exemple ci-cité : Quand j'arrive à prendre sur moi et à échanger quelques mots (forts sympas au demeurant) avec Cindy, on parle météo / travail / les derniers potins de Public ( car après tout, le coiffeur, c'est le seul endroit où on peut lire Public sans vergogne, sans complexes et surtout sans personne qui lit par-dessus son épaule). Je me vois donc mal dire à Cindy : "Dites donc , y'a un p'tit nouveau au bureau, j'lui mettrais bien une grosse cart..." Et à l'intéressée de répondre : " Oui, mais jamais sans préservatif !"

Non, rien à faire, cet engagement à parler sida avec son coiffeur me semble pour le moins artificiel... et c'est un euphémisme. A tout hasard, je suis tout de même passée hier soir, à mon Salon Franck Provost du coin pour faire mon petit bilan sur l'opération.

Premier constat : ici, on a bien sorti les t-shirts et les dépliants... Bon point.
Deuxième évidence : personne, dans les sièges alentours, ne parle ni sexualité, ni sida. Admettons que je sois tombée au mauvais endroit, au mauvais moment, mais il me semble tout de même que l'échange convivial et pédagogique autour de la maladie n'a pas eu lieu.

Alors, les coiffeurs contre le sida : une fausse bonne idée ? A voir, en tout cas, ma suggestion pour le groupe et sa campagne de l'année prochaine : Lancez plutôt une grande campagne dans Public, ça donnera un bon prétexte pour engager la conversation avec Cindy.

Photo : DR L'Oréal

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